Le concept est mort avec le Covid-19. A la fin de la dernière décennie, le partage de bureaux avait le vent en poupe, et son promoteur WeWork avait été valorisé près de 47 milliards de dollars (43,7 milliards d’euros). Aujourd’hui, avec le télétravail, le bureau se partage chez soi, et WeWork dispose dans les centres-villes de locaux peu occupés qu’il paie trop cher. Le 6 septembre, l’entreprise, qui ne vaut plus que 300 millions de dollars, a annoncé qu’elle allait renégocier tous ses baux. WeWork disposait en juin de 777 lieux de location dans 39 pays et a des engagements financiers de plus de 13 milliards de dollars, selon le Financial Times.
Dans un communiqué, l’entreprise indique qu’elle compte « prendre des mesures immédiates pour réparer définitivement [son] portefeuille de baux rigide et coûteux », situation héritée, selon elle, d’une « période d’hypercroissance non durable ». L’entreprise va entre autres quitter certains « emplacements inadaptés et peu performants ». Bien sûr, son patron, David Tolley, a expliqué : « Permettez-moi de terminer en clarifiant une chose. WeWork est là pour rester. » Sauf que la société a émis des doutes sur sa viabilité et, dans le cas, très probable, d’une faillite, les bailleurs vont se retrouver avec des bureaux vides.
Aux Etats-Unis, la crise immobilière est avant tout celle du bureau, alors que les Américains renâclent à revenir travailler sur place, en particulier dans les grandes villes, comme San Francisco (Californie) ou New York. Sans cesse, le maire de New York, Eric Adams, invite ses administrés à retourner en présentiel, estimant qu’ils ne peuvent pas rester « en pyjama » toute la journée. Mais il n’est pas parvenu à imposer aux employés municipaux un retour complet sur leurs lieux de travail. WeWork n’occupe qu’une petite part du marché de bureau de Manhattan, environ 1,5 %, selon le Financial Times. Il n’empêche, WeWork représentait au premier trimestre 2023 le quart des nouveaux baux commerciaux à New York, et sa déconfiture ajoute aux difficultés d’un marché qui n’en avait pas besoin.
« Une fuite des locataires vers la qualité »
Certains bailleurs avaient vu venir l’affaire, changeant de locataire quitte à baisser les prix, tel Sage Realty, qui a loué des locaux précédemment occupés par WeWork à la banque espagnole Santander sur la célèbre Madison Avenue. A New York, WeWork occupait des locaux parfois vieillissants, et ses difficultés vont accroître l’écart entre le New York moderne, qui a investi le quartier de Hudson Yards juste avant la crise due au Covid-19 ou récemment la tour One Vanderbilt, juste à côté de Grand Central, qui offre désormais la plus belle vue sur New York, et les immeubles viellis et délaissés depuis longtemps.
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