Sourire Colgate, cheveux châtain soigneusement peignés… Nikolas Ferreira a des airs de gendre idéal. Mais mieux vaut ne pas trop s’y fier. A seulement 27 ans, ce député, qui se définit comme « chrétien, pro-armes et défenseur de la famille », est pour beaucoup le futur de l’extrême droite brésilienne et un potentiel successeur à Jair Bolsonaro, ancien président du Brésil de 2019 à 2023.
L’homme jouit déjà d’une popularité hors norme. Député le mieux élu du scrutin de 2022, avec 1,4 million de suffrages, il est suivi par 19 millions d’internautes sur les réseaux sociaux, dont 4,8 millions sur TikTok, sa plate-forme préférée, soit presque autant que l’ancien président Jair Bolsonaro (5,5 millions) et davantage que l’actuel, Lula (4,4 millions). Une force de frappe inédite qui lui vaudra d’être un des invités d’honneur d’une grand-messe des conservateurs brésiliens, organisée les 23 et 24 septembre à Belo Horizonte.
C’est justement dans un quartier populaire de la capitale du Minas Gerais qu’est né en 1996 « Nikolas ». Son ascension a été rapide. Licence de droit en poche, il prend position en 2016 sur sa chaîne YouTube en faveur de la destitution de la présidente de gauche Dilma Rousseff. Repéré par le clan Bolsonaro, il est élu en 2020 conseiller municipal de Belo Horizonte, puis député sous les couleurs du parti présidentiel le Parti libéral.
L’aide alimentaire, une « manœuvre de Satan »
Si son père, pasteur évangélique, lui a enseigné l’art du prêche, son vrai mentor demeure l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro. Une forme de filiation unit ces deux hommes, qui posent souvent dans les bras l’un de l’autre. En avril, pour le mariage du jeune député, Jair Bolsonaro dépêche son épouse, la très pieuse Michelle, et enregistre un message vidéo, diffusé pendant la cérémonie : « Nikolas sera un excellent compagnon, un partenaire, un ami et un mari qui vous rendra vraiment très heureuse. (…) Il a tout pour réussir et devenir un exemple pour nous tous », dit-il en s’adressant à la mariée, Lívia Orletti, mannequin de profession.
« Nikolas est très charismatique. Il est captivant. Les gens s’identifient à lui », salue son ami Bruno Engler, élu conservateur à l’assemblée régionale du Minas Gerais, qui vante un homme politique « très bien préparé, qui étudie beaucoup la Bible et prêche avec sincérité ». Mais comme Jair Bolsonaro, c’est d’abord un pro du clash.
Opposé aux politiques sociales, il estime que Jésus « n’est pas venu pour en finir avec la pauvreté » et que l’aide alimentaire est une « manœuvre de Satan ». Pour lui, Lula est un « dictateur » et un « voleur », qui ne l’a emporté à la présidentielle de 2022 que grâce à des fraudes massives. Friand de théories conspirationnistes, il a torpillé durant la pandémie du Covid-19 l’« hypocrisie » du confinement et les risques supposés de la vaccination.
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